Le présent enregistrement met en regard deux périodes essentielles de la vie créatrice de Schumann, où les œuvres de la maturité dialoguent avec celles du crépuscule, constituant ensemble un répertoire de musique de chambre dont la conception accompagne toute la carrière du musicien. Enracinées dans l’intimité d’une pratique domestique (en commençant par celle des Schumann, qui organisaient de nombreuses « séances conviviales de musique de chambre »), ces pièces sont les témoins privilégiés de l’art de la transcription du XIXe siècle – un art moins utile qu’essentiel pour étoffer un répertoire (celui pour clarinette et pour alto) injustement boudé par les Romantiques. L’Humor schumannien – véritable clair-obscur musical faisant se succéder des expressions aussi diverses que fantasques – s’incarne ici brillamment, transformant le temps musical en un diaporama versatile de visions parfois hallucinées. Constitutives de la Phantasie romantique, celles-ci s’intègrent au sein d’une forme entendue comme narration, description ou suggestion. Un conte en musique, en somme, dont la dimension merveilleuse et poétique se révèle sous les doigts des musiciens de l’Ensemble Contraste qui, par leur complicité et leur écoute mutuelle, réussissent à recréer l’atmosphère feutrée des salons et à nous ouvrir la porte de l’intimité et de l’univers imagé de Schumann.

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Jean-Sébastien Bach : Transcriptions